Annexes

Conférence au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro (octobre 1954)

« Le passage du figuratif au non figuratif s’est fait petit à petit dans les années 1910-1916. En France, en Allemagne, en Hollande, en Russie, cet effort de la peinture pour redevenir elle-même au-delà de l’anecdote, au-delà également des techniques trop employées et qui ne donnaient plus lieu à aucune découverte. De petits groupes d’artistes allaient donc préparer le terrain pour l’arrivée de l’art abstrait qui est, pour moi, la forme occidentale d’un art transcendantal. »

« Pour moi, le tableau ne saurait en aucun cas se borner à lui-même. Ma recherche n’est pas celle d’une beauté idéale, mais si la beauté naît de mes efforts, c’est une coïncidence heureuse. C’est alors pour moi la preuve d’une rencontre exacte sur le plan plastique de mon thème initial et de son expression.  Au plan de ma communication, je souhaiterais que mes tableaux soient pour le spectateur une sorte de guide qui l’ amènerait à retrouver en lui-même un état contemplatif supérieur et très différent de ce qu’on a pour habitude d’appeler l’émotion artistique.                                                             

On pourrait considérer que le tableau est essentiellement la projection d’une résonnance de l’âme au rythme des choses. »

« Il s’agit donc pour moi d’arriver à ajuster les éléments qui précèdent l’exécution et les principes plastiques qui doivent les exprimer. Il est compréhensible qu’en même temps que change la conception de l’art, l’ancien véhicule de la peinture, s’il reste valable, ne soit plus le seul valable. »

« J’aimerais que mes Reliefs soient dans leur structure l’expression exacte et absolue de la réalité intérieure qui les provoquent. Le sens profond que je voudrais transmettre est « repos en soi »

« Pour moi, le chemin suivi dans la création d’un relief passe d’abord par l’acquisition de tous les éléments qui composent le rythme : organisation, mouvements linéaires, solidité, stabilité, équilibre. Ensuite, j’essaie de relier le plus étroitement possible les tensions et les vides pour trouver la fusion des contraires. »

« Pour terminer je citerai quelques réflexions d’un célèbre peintre chinois KUO-SHI de l’époque des empereurs Sung :

« En peignant une scène, quel qu’en soit l’objet et la taille, l’artiste doit concentrer son esprit sur la nature essentielle de son sujet. S’il ne parvient pas à la percevoir, il ne parviendra pas à en exprimer l’âme.

La discipline donnera à sa peinture la dignité. Sans dignité la profondeur est impossible.

Application et respect rendront son travail accompli. Sans application son travail demeurera incomplet. »

Je pourrais considérer ces idées comme le leitmotiv de toute mon activité artistique.